Hellraiser a été publié en Angleterre en 1986. Il a cependant fallu attendre 2006 pour que le livre paraisse en France chez l’éditeur Bragelonne, dans la collection L’Ombre.
Il faut dire que le succès des films a fortement contribué à éclipser le livre. En effet, Hellraiser est à l’origine de plusieurs films. Le premier, Hellraiser : le pacte, a été réalisé par Clive Barker lui-même en 1987. Il reprend l’histoire du livre, laquelle est un peu étoffée pour donner plus de consistance au film. Ensuite ont suivi trois autres œuvres cinématographiques que Clive Barker a produites : Hellraiser 2 : les écorchés en 1988, Hellraiser 3 en 1992 et Bloodline en 1996. Enfin, cinq autres films sont sortis au cours des années 2000 : Inferno, Hellseeker, Deader, Hellworld et Revelations.
Alors comment une simple nouvelle d’une centaine de pages a-t-elle pu inspirer autant de films ? Peut-être justement parce qu’elle a un goût d’inachevé, et qu’elle ne semble être qu’une courte introduction, une mise en bouche, à un univers bien plus vaste.
La nouvelle Hellraiser commence par un tête à tête entre Frank, un homme blasé par la vie qui aspire à de nouveaux plaisirs pour pimenter son existence de débauche, et une mystérieuse boîte. Celle-ci, qu’il a eu beaucoup de mal à se procurer, est censée lui ouvrir de nouveaux horizons. En effet, il ne tarde pas à faire la rencontre des Cénobites, des créatures à l’apparence humaine scarifiées, voire à demi-mutilées. C’est de son plein gré qu’il accepte de les suivre dans leur univers.
Mais Frank ne tarde pas à comprendre que lui et les Cénobites n’ont pas exactement la même définition de la notion de plaisir, et le rêve se transforme en un épouvantable cauchemar où jouissance rime avec torture physique et morale. Dès lors il n’a plus qu’une idée en tête, échapper à ses bourreaux.
La possibilité va lui en être donnée lorsqu’un couple emménage dans la maison où il a ouvert la boîte, et où une partie de lui se trouve encore. Il s’agit de son frère Rory et de sa femme Julia. Il va réussir à rentrer en contact avec cette dernière, avec qui il a eu une aventure quelques années auparavant. Julia est également une femme lassée du monde, de son mari et de sa vie. C’est sans doute pour cela qu’elle répondra à l’appel de Frank, ou plutôt de ce qu’il en reste, c’est-à-dire une créature sanguinolente et cauchemardesque : un véritable monstre.
Pour faire reprendre consistance à Frank, Julia va se transformer en une meurtrière froide et calculatrice, allant jusqu’à livrer son propre mari au monstre qui désire prélever sa peau. Ce plan machiavélique n’aura finalement qu’un obstacle : Kristy, une femme très attachée à Rory, plutôt antipathique dans la première moitié du livre, qui deviendra finalement la véritable héroïne de l’histoire.
Bien que les descriptions des Cénobites soient relativement explicites, elles laissent une grande part à l’imagination et l’on comprend aisément que la tentation d’associer une image à ces êtres ignobles ait permis de transposer ces figures au cinéma.
Pourquoi donc, posant les yeux sur elles, éprouvait-il pareil malaise ? Étaient-ce les cicatrices couvrant chaque millimètre de leur corps ? Ou la chair incisée, perforée, infibulée à des fins esthétiques, puis saupoudrée de cendre ? Le parfum de vanille qui les accompagnait, et dont la suavité masquait mal les miasmes sous-jacents ? Ou était-ce que, les scrutant de plus près sous cette lumière croissante, il ne lisait sur leurs faces mutilées ni trace de joie, ni même d’humanité, mais le désespoir seul, ainsi qu’un appétit qui faisait naître en lui un douloureux besoin de vider ses boyaux.
De même, l’histoire relativement courte donne envie de connaître plus de détails sur les Cénobites et leurs victimes. D’ailleurs une porte est ouverte par Clive Barker à la toute fin du livre, lorsque Kristy se retrouve en possession de la fameuse boîte :
Sa surface hermétiquement scellée scintillait d’un vif éclat. Sans même l’examiner, elle sut qu’il n’y resterait aucun indice quant à sa solution. Le prochain découvreur voyagerait sans carte le long des six faces. Et jusqu’à ce jour, serait-elle donc élue gardienne ? Il semblait que oui.
Il ne restait donc plus qu’à ce qu’un nouveau curieux croise la route de cette boîte pour qu’elle ouvre de nouveaux les portes de cet enfer…
Hellraiser (2006)
de Clive Barker, traduit de l’anglais par Mélanie Fazi
Editions Bragelonne
Hellraiser 1, 2 & 4 en Coffret DVD (2005)
avec Andrew Robinson et Claire Higgins
Editions Lancaster
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Lien vers cet article : Clive Barker et le splatterpunk | L'Arbre aux 100.000 Rêves