Après un certain engouement, il y a une quinzaine d’années, pour la tradition américaine de la fête d’Halloween et des citrouilles d’Halloween; les français semblent aujourd’hui s’en désintéresser. On peut entendre et lire un peu partout que cette fête « exportée d’Outre-Atlantique à des fins commerciales » ne fait pas partie de notre culture… et pourtant…
S’il est vrai que le traditionnel Trick or treat !
(des bonbons ou un mauvais sort) clamé par des enfants costumés en sorcières maléfiques, déguisés en squelettes ou grimés en morts-vivants hideux, nous vient directement des États-Unis ; l’origine de la citrouille d’Halloween et la symbolique de la fête d’Halloween est peut-être plus proche de nous qu’il n’y parait…
A l’origine, la fête d’Halloween, une fête pour unir les morts et les vivants
Bien avant l’apparition de la traditionnelle citrouille d’Halloween, devenue le symbole majeur de la fête d’Halloween, les Celtes – peuple européen s’il en est – fêtaient, le 1er novembre, le premier jour de la nouvelle année. La nuit marquant le passage entre la fin d’une année et le début de la nouvelle voyait se dérouler de grandes fêtes cérémonielles au cours desquelles le temps était aboli. La Samain ou Samonios – « fin de l’été » -, également appelée Oiche Shamhna – « la nuit de la fin de l’été » – en Irlande ou Oidhche Shamhna en Ecosse, est le moment privilégié de l’année où le monde des vivants et le monde des morts peuvent entrer en communication.
A partir de l’an 800, on voit l’église se réapproprier cette fête d’origine païenne, pour en faire l’une des plus importante fête catholique : la Toussaint. Il est amusant de noter que – si l’on fête désormais la Toussaint le 1er novembre en fleurissant les tombes pour honorer les morts – à l’origine la « Toussaint » était le « jour des Saints » ; le « jour des morts » se fêtait, lui le 2 novembre. On retrouve donc, dans cette tradition religieuse, comme dans la tradition païenne de la Samain, cette même idée de phase de transition qui est stigmatisée par la possibilité d’une communication entre le règne des vivants et le celui des défunts. D’ailleurs, les traditions régionales françaises en ont gardé la trace
« La nuit de la Toussaint, on sonnait les cloches pour les âmes en peine. La veille des Morts se caractérisait surtout par des usages domestiques destinées à satisfaire les trépassés : on consacrait le souper de la Toussaint à parler des parents défunts, à boire à leur santé, à prier pour eux. On leur laissait le couvert dressé et les restes du repas pour leur permettre de se restaurer (Périgord, Normandie, Provence). Du lait caillé et des crêpes étaient disposés sur la table à leur intention (Bretagne), ou encore un vase rempli d’eau à la porte d’entrée (Corse). » (1)
C’est sans doute pour cette raison que la nuit où l’on fête Halloween reste, encore aujourd’hui, considérée comme l’une des nuits les plus propice à la divination.
Cependant, à ce stade de nos recherches, toujours point de citrouille à l’horizon, me direz-vous ! Alors donc, comment ces cucurbitacées oranges sont-elles devenues l’emblème de la fête d’Halloween ?
A l’origine de la citrouille d’Halloween, un navet celte…
Et bien, là aussi, loin d’être une invention ex-nihilo de nos voisins américains, la citrouille d’Halloween évidée et éclairée trouve – indirectement – son origine dans la fête celte de la Samain. La tradition veut que, au cours des cérémonies druidiques, les prêtres celtes portaient des navets évidés dans lesquels ils faisaient brûler de la graisse, afin de faciliter le contact entre le monde des vivants et celui des morts.
Cependant, ce n’est que plus récemment, vers 1750 en Irlande, que cette tradition trouve sa personnification symbolique avec l’apparition du conte, devenu emblématique de la fête d’Halloween, Jack O’Lantern, qui fait passer cette ancienne tradition dans la sphère du légendaire.
Jack est un maréchal ferrant, ivrogne et avare, qui pactise avec le Diable, lui accordant son âme contre une dernière tournée. Le Diable se transforme alors en pièce de 6 pences, afin de payer le verre promis. Mais sur cette pièce d’argent, figure une croix qui piège le Diable, l’empêchant de reprendre seul sa forme normale. Il se retrouve contraint d’accorder à Jack un délai de 10 ans. Lorsqu’ils se retrouvent, 10 ans plus tard, Jack parvient, par un nouveau coup de ruse, à faire annuler sa dette et obtient la promesse du Diable de ne jamais plus essayer de lui prendre son âme.
Puis, arrive le jour de sa mort… Jack se présente au paradis, mais s’en voit refuser l’accès en raison de son penchant pour l’alcool et de son avarice. Il va alors frapper aux portes de l’enfer. Là, le Diable en personne ouvre la porte mais lui refuse, lui-aussi, l’accès à son royaume, lui rappelant qu’il s’est autrefois engagé à ne pas prendre son âme. Il condamne ainsi Jack à une éternité d’errance entre le monde des morts et celui des vivants… Mais, dans un dernier geste de bonté, le Diable offre à Jack un peu de feu pour éclairer sa route. Feu, que Jack s’empresse de mettre à l’intérieur d’un navet évidé pour le protéger…
Et ainsi naquit la légende de Jack O’Lantern !
Un siècle plus tard, l’exode de nombreux irlandais vers l’Amérique exporta la légende et l’on remplaça le navet pas une citrouille, légume plus commun en Amérique…
Ainsi naquit la tradition de la citrouille d’Halloween !
Références :
- (1) Mozzani (E.) – Le livre des superstitions – Robert Laffont
- Wikipédia – Jack-o’-lantern : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jack-o%27-lantern
- Wikipédia – Halloween : http://fr.wikipedia.org/wiki/Halloween
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